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La Turquie, base arrière des rebelles syriens

Dimanche 23 mars, la Turquie a abattu un avion militaire syrien qui bombardait des rebelles dans la région frontalière de Kassab, au nord-ouest du pays. Pour Damas, il s’agit d'une «agression flagrante», qui prouve «l'implication de Erdogan (le Premier ministre turc) dans le soutien aux groupes terroristes». Il s’agit de l’incident le plus grave entre les deux pays depuis septembre 2013, quand des chasseurs turcs avaient abattu un hélicoptère syrien dans la même région.

JOL Press : Historiquement, quelles relations entretiennent la Turquie et la Syrie ?
 
Laurent Leylekian : Ces deux pays entretiennent des relations assez conflictuelles. Il ne faut pas oublier que la Syrie, et plus généralement le Machrek («le Levant»), est une ancienne colonie de l’empire ottoman. Pendant très longtemps, les Turcs ont été perçus par les populations arabes comme des colons. Au début du XXe siècle, lorsqu’Atatürk a fondé la République de Turquie, le pays a été vu par certains progressistes arabes comme un modèle d’Etat laïque et moderne. Il y a donc une ambivalence, entre rejet et admiration.
 
En outre, il ne faut pas oublier qu’il existe un différend territorial entre les deux Etats : la Syrie n’a jamais admis qu’en 1938 la France ait donné à la Turquie le Sandjak d’Alexandrette et une bande frontalière allant jusqu’à la frontière irakienne, ces deux territoires appartenant à la plaine syrienne et majoritairement peuplés d’Arabes.
JOL Press : Comment ont évolué ces relations depuis le début de la crise syrienne, en mars 2011 ?
 
Laurent Leylekian : Il y a trois ans, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, prônait une politique du «zéro problème avec les voisins». Cette politique a été un échec total : le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, s’est fâché avec le régime militaire égyptien, les monarchies du Golfe (pour leur refus de soutenir Mohamed Morsi, le président égyptien déchu) et Israël en soutenant des mouvements islamistes comme le Hamas dans la bande de Gaza.
Erdogan et Bachar al-Assad, qui étaient autrefois bons amis, se sont également brouillés lorsque le régime de Damas a commencé à réprimer les mouvements contestataires et islamistes en Syrie. Aujourd’hui, Ankara et Damas sont à couteaux tirés car la Turquie soutient officiellement les rebelles, y compris ceux liés à al-Qaida

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