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La Russie traite la question de l'Union eurasienne avec sérieux


M. Uwe Halbach
La présente interview a été accordée par Uwe Halbach à Emma Gabrielyan pour Aravod. Uwe Halbach est expert de l'Institut allemand pour les affaires de sécurité internationale. Il traite du projet d'Union eurasienne promu par Moscou et visant à constituer une entité de coopération économique multilatérale entre la Russie et ses voisins proches. Les détracteurs de l'Union eurasienne y voit un remise en place de l'Empire russe. A l'instar de l'Ukraine, l'Arménie est tiraillée entre les deux structures. 

Emma Gabrielyan : M. Halbach, le second mandat du président Serge Sarkissian commencera officiellement le 9 avril. Son mandat précédent débuté en 2008 a été marqué par la "diplomatie du football" qui s'est révélée stérile. Aujourd'hui, selon vous, en quels termes l'Arménie peut-elle intéresser la communauté internationale, Quelles attentes peut-on avoir de l'Arménie ?

Uwe Halbach : Il est difficile pour moi de dire que les choses vont changer radicalement sur cette question mais je peux supposer que le processus avec la Turquie va continuer à figurer à l'ordre du jour. Permettez-moi de rappeler que le président Gül a féliciter Serge Sarkissian pour sa réélection et, à la suite, il y a eu de nouvelles discussions sur le fait de savoir si le processus de normalisation des relations arméno-turcs sera ressuscité. Je ne sais pas, je pense qu'il est possible que ce processus soit repris un jour et, le cas échéant, je suis sûr que la communauté internationale le soutiendra. Il est difficile pour moi de dire si Serge Sarkissian changera de ligne politique et de plus, je ne peux voir de nouvelles priorités à ce sujet.


E.G.: Interrogé sur l'adhésion à l'Union eurasienne et à l'union douanière, Serge Sarkissian a conseillé de ne pas accorder crédit à ceux qui prétendent que la Russie a forcé l'Arménie à devenir membre de cette union douanière. "Les membres de l'Union douanière ne souhaitent pas envisager de nouvelles adhésions pour l'heure actuelle. En tout cas, ils n'ont pas faire part d'un tel désir pour ce qui nous concerne. La réponse à cette question n'est pas noire ou blanche. Ce n'est pas une question de 'ou bien ... ou bien'. Nous sommes honnêtes dans nos aspirations et nos aspirations vont dans le sens des intérêts de notre peuple. Nous voulons que notre pays se développe et nous mènerons ce processus à l'aide de l'Union douanière autant que de l'Union eurasienne et de l'Union européenne" a-t-il déclaré. Cependant, si l'Arménie était un jour confrontée à ce choix, comment cela sera-t-il  perçu par la communauté internationale.

U. H. : Clairement, le sujet de l'Union eurasienne est souvent trop politisé mais je pense que la Russie traite cette idée avec sérieux et souhaite que de nouveaux Etats, y compris l'Arménie, y adhère. Il est évident que la question de l'adhésion de l'Arménie n'est pas encore claire. L'Arménie continue de manœuvrer également. Il est naturel que le focus porte sur un pays comme l'Ukraine, qui est plus important à ce stade. Il est aussi évident que dans la question de l'adhésion de l'Ukraine, les ambitions de la Russie se posent en termes de rivalité géopolitique. Cependant, je dois dire que l'idée de Poutine d'établir une Union eurasienne est réellement une idée sérieuse et se doit d'être traitée sérieusement. 

E.G.: M. Halbach, quelle est votre opinion sur les chances de règlement du conflit du Haut-Karabagh ? Le processus de négociations dans le cadre du groupe de Minsk n'a pas conduit à des résultats tangibles. De plus, il semble que de nouveaux problèmes bloquent le processus de négociations: l'extradition de l'assassin azéri Ramil Safarov et sa récente héroïsation en Azerbaïdjan, maintenant la question de l'aéroport de Stépanakert, etc...

U. H. : Il y a deux problèmes dans la question du règlement du conflit du Haut-Karabagh: Le premier  c'est cette impression de tourner en rond alors que le second c'est de bien comprendre et réaliser que le règlement de ce conflit devrait être à l'actualité dans la mesure où, comme vous l'avez mentionné, le cas Safarov témoigne par exemple que ce conflit a des conséquences psychologiques profondes et qu'il existe un risque réel d'escalade des hostilités. Je ne peux pas dire que les forces extérieures soient intéressées au règlement du conflit et, de plus, elles semblent vraiment inutiles et le processus est vraiment bloqué. Le conflit du Haut-Karabagh est "gelé" et devrait être traité plus sérieusement.

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