Source: Institut d'Etudes de Sécurité de l'Union européenne - Nicola Casarini
Les résultats des élections grecques du dimanche 17 juin ont été accueillis avec soulagement et comme un signe de répit non seulement en Europe et aux Etats-Unis mais aussi en Chine. La crise de la dette souveraine grecque et les préconisations économiques de l'Occident avaient conduit à des sentiments mitigés en Chine, ainsi que l'avait illustré le discours du président Hu Jintao prononcé le premier jour du G20 à Mexico City. D'une part, la dette croissante et la détérioration de la situation économique du marché intérieur américain et de la zone euro affectent sérieusement une économie chinoise tirée par les exportations. D'autre part, la crise occidentale donne à la Chine l'opportunité d'accroître son influence mondiale et de remettre en question l'actuel ordre économique et monétaire. Les leaders chinois sont aujourd'hui, pour la première fois dans l'histoire moderne, en position de tirer parti des malheurs économiques de l'Occident tout en faisant la leçon aux responsables politiques américains et européens sur leurs politiques économiques et fiscales.
Les ressources financières de la Chine sont appelés à la rescousse. A la fois pour contribuer à résoudre le problème de la dette de la zone euro et pour continuer à soutenir le déficit structurel des Etats-Unis. Pékin a assuré ses arrières en tant que plus grand détenteur de bons du Trésor américain en se défaisant de ses avoirs détenus en dollars et en accroissant ses avoirs en euros. Les risques inhérents à la zone euro ont été compensés par le redéploiement des acquisitions chinoises des pays périphériques vers les Etats-membres constituant le noyau dur de l'Union et en particulier en Allemagne. De plus, la Chine a accru ses investissements dans ceux et celles des infrastructures et des projets industriels européens qui garantissent les retours sur investissement les plus sûrs. De manière générale, il semble que la Chine place plus de confiance dans l'économie européenne - en particulier dans l'Allemagne et les pays limitrophes - que dans les Etats-Unis. Ces dynamiques devraient inciter les responsables politiques européens à renforcer les liens économiques, monétaires et politiques entre la Chine et l'Europe, en y incluant des discussions approfondies sur le rôle de la Chine dans la résolution des actuelles crises financières et sur l'utilisation des énormes réserves monétaires chinoises pour protéger la zone euro des spéculateurs internationaux opérant principalement à partir de Wall Street. La réponse de la Chine à la crise de la dette qui frappe l'Occident et la décision prise par Pékin de se désengager de ses avoirs labellisés en dollars pour réinvestir en euros indiquent que le temps est peut-être venu pour l'Union européenne de réfléchir à des négociations politiques et économiques de grande ampleur avec la Chine pour les 10 à 15 années qui viennent.
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