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Un épisode tragique dans la mauvaise comédie des relations UE-Turquie

Affiche des manifestants de la place Taksim
L'Allemagne et les Pays-Bas pourraient refuser l'ouverture de nouveaux chapitres dans le cadre des négociations avec la Turquie.

C'est une nouvelle qui réjouira tous les europhiles et, d'une manière plus générale, tous ceux qui accordent quelque importance au principe de réalité et au pragmatisme. Dans un sursaut de lucidité, les représentants de l'Allemagne et des Pays-Bas ont refusé  l'ouverture de nouveaux chapitres de l'Acquis communautaire dans le cadre d'une réunion technique dévolue aux négociations "d'adhésion" avec la Turquie.


A l'issue d'une réunion technique tenue ce mardi 18 juin, 25 des 27 Etats-membres de l'Union avait pourtant avalisé la position laxiste de la France qui conduisait à l'ouverture du chapitre sur "la politique régionale et les instruments structuraux", en dépit des récentes exactions du régime de Recep.

Mais l'opposition des Pays-Bas et surtout de l'Allemagne - Mme Merkel s'étant déclarée "épouvantée" par la féroce répression policière des événements de la place Taksim - ont finalement conduit ces deux Etats a prôner une position d'attente afin de mieux estimer les développements en cours en Turquie et leur issue finale. En conséquence, le Comité des Réprésentants Permanents (Coreper) a reporté ce mercredi toute prise de décision à la réunion du Conseil des ministres des Affaires Etrangères de l'Union qui se tiendra lundi prochain. Un responsable du Conseil a confié que "les Pays-Bas demandent plus de temps pour aborder la question au niveau du Parlement néerlandais ou le ministre des Affaires étrangères sera présent" et qu'il semblerait que "l'Allemagne bloquera l'ouverture" de ce chapitre. 

Mais, d'ores et déjà, le régime de Recep a renoué avec sa politique de menaces et de chantage. Ce vendredi, Egemen Bagis, le "ministre" turc des Affaires européennes, a ainsi  mis en garde la chancelière allemande Angela Merkel en déclarant impudemment "j'espère qu'elle va corriger l'erreur qu'elle a faite lundi (...) ou cela conduira à des réactions". M. Bagis, confondant manifestement Union européenne et colonie ottomane a ajouté "Mme Merkel doit savoir que ceux qui s'occupent de la Turquie finissent mal. Regardez ce qui est arrivé à Sarkozy".

La réaction n'a pas tardé avec la convocation de l'Ambassadeur de Turquie a Berlin par les autorités allemandes. Entre-temps, une délégation du Parlement européen a annulé sa visite prévue en Turquie alors que, dans le même temps, le ministre turc de la justice a annulé un déplacement à Bruxelles. La semaine dernière déjà, le Parlement avait adopté une résolution condamnant la violence policière disproportionnée dont avaient fait usage les forces du régime turc pour réprimer les manifestant de la place Taksim. Le premier ministre turc, Recep, avait déclaré qu'il reconnaissait pas "le Parlement européen et ses décisions" le qualifiant de "non-démocratique". Une réaction pour le moins inattendue de la part du guide suprême d'un "pays candidat".



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