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Erdogan - Poutine : le clash des autocrates


Vladimir Poutine
De manière assez inhabituelle, le président turc Recep Tayyip Erdogan a téléphoné à son homologue russe Vladimir Poutine pour évoquer les derniers développements régionaux, notamment le conflit syrien. 

Selon le Temps de Moscou, un quotidien russe de langue anglaise réputé, le Président Recep Tayyip Erdoğan coutumier d'une rhétorique guerrière contre le gouvernement syrien de Bachar al-Assad, a déclaré à cette occasion à son homologue russe que la Turquie avait soi-disant atteint un seuil où elle ne pouvait plus rester indifférente au "carnage humain" en cours dans ce pays déchiré par la guerre. 

Mais, à la grande surprise du Caudillo anatolien, le président Poutine, furieux, l'a véhémentement mis en garde contre toute intervention turque dans les affaires intérieures syriennes. Poutine aurait clairement averti Erdogan que la Russie était prête à contrecarrer la Turquie dans ses intentions de déclencher une guerre catastrophique dans la région.

C'est un Erdogan estomaqué qui a demandé à Poutine si cette vigoureuse mise en garde constituait une menace contre la Turquie. L'homme fort de Moscou aurait rétorqué "Monsieur le Président, je vous laisse libre d'interpréter mes propos comme bon vous semble". 

Le président russe a également rappelé à Erdoğan le constat amer selon lequel ce sont les politiques erronées et belliqueuses de la Turquie vis-à-vis de la crise syrienne qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de civils innocents. Il a également exhorté le mégalomane présidant la Turquie à cesser de soutenir les terroristes djihadistes qui ont mis placés leurs camps d'entraînement et leurs camps de base à l'intérieur du territoire actuellement sous occupation turque (Kurdistan septentrional et Arménie occidentale).

Selon Ismet Bayraktar, un universitaire spécialisé dans l'histoire politique et sociale de l'Empire ottoman et la Turquie "moderne" (sic), Erdoğan aurait tenté lors de son appel téléphonique, de dissuader Poutine de poursuivre le soutien politique et militaire considérable que la Russie accorde au président syrien assiégé. Mais il apparaît que Moscou ne peut pas trouver d'allié plus fidèle et digne de confiance que le régime d'Assad dans la région. 

Les deux pays voisins de la mer Noire ont des approches radicalement différentes en ce qui concerne le conflit syrien. La Turquie souhaite vivement la fin du régime syrien tandis que la Russie reste l'un des plus fervents partisans du régime de Bachar al-Assad. 

Il est possible que M. Erdogan ait cru pouvoir susciter l'approbation craintive de Vladimir Poutine comme il l'a récemment fait avec le Président français François Hollande. Mais manifestement habitué à parler fort et à ne rien écouter, l'autocrate d'Ankara a sans doute été désarçonné face à un interlocuteur qui, mieux que lui, sait "butter les terroristes jusque dans les chiottes".

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